Fête de Notre Dame des Anges et indulgence de la Portioncule

Basilique Sainte Marie des Anges, Assise.

Notre famille franciscaine célèbre en ce 2 août la fête de Notre Dame des Anges. A Assise, la basilique de ce même nom (cf. ci-contre) englobe la Portioncule (‘Porziuncola’ ou ‘petite partie’ en Français). Cette toute petite chapelle a été le théâtre de nombreux événements marquants de la vie de notre famille dont par exemple la consécration de Claire Offreduccio (future Sainte Claire) ou la mort de Saint François en octobre 1226. De son vivant, Saint François affectionnait profondément cette chapelle (qu’il a lui-même restaurée). Il en a d’ailleurs fait la tête et la mère de l’ordre, comme nous le rappelle l’un de ses biographes, fr. Thomas de Celano dans sa ‘Vita Secunda‘ :

C’est le couvent qu’aimait le saint par-dessus tous les autres ; il prescrivit aux frères de le tenir tout spécialement en vénération, de le conserver dans l’humilité et la très haute pauvreté, car c’était le miroir de l’Ordre, et c’est pourquoi il en refusait la propriété, n’en gardant que l’usage.
Chapitre 12, Vita Secunda
.

La Portioncule.

Plus extraordinaire, c’est dans cette chapelle que Saint François eut une vision du Christ et de sa Mère, entourés d’une multitude d’anges, au cours de laquelle il fit cette demande : « Que tous ceux qui, contrits et confessés, viendront dans cette église, obtiennent la rémission totale de leurs péchés et de la peine due à ces péchés ». A cette demande, Jésus répondit : « François, la faveur que tu me demandes est extraordinaire. Je te l’accorde cependant, mais qu’elle soit approuvée par le Chef de mon Église, à qui j’ai confié le pouvoir de lier et de délier sur la terre ». C’est ainsi que Saint François sollicita auprès du Pape Honorius III une indulgence plénière, une faveur qui était extraordinaire à cette époque et qui lui fut cependant accordée :

« Nous concédons que quiconque viendra et entrera dans la susdite église, bien confessé et contrit, soit délié de peine et de coulpe. Et nous voulons que cela ait valeur pour toujours, chaque année mais seulement un seul jour naturel, depuis les premières vêpres jusqu’aux vêpres du jour suivant, la nuit incluse. » Pape Honorius III.

Église Saint Bonaventure, Narbonne.

C’est ainsi qu’une indulgence plénière est attachée à la fête de Sainte Marie des Anges le 2 août de chaque année. Cette indulgence est connue sous le nom de ‘Grand Pardon d’Assise‘ ou ‘Indulgence de la Portioncule’. Elle s’obtient, moyennant les conditions requises (cf. ci-dessous), par la visite d’une église franciscaine (notre église Saint Bonaventure à Narbonne par exemple, voir photo ci-contre) le 2 août. Outre cette visite, il faut également :
– participer à la messe et communier,
– réciter le credo,
– recevoir le sacrement de la réconciliation,
– prier aux intentions du Pape.

Notons enfin que cette indulgence a été attribuée pour la première fois en 1216. Nous avons donc fêté l’an passé son 800e anniversaire. Un jubilé avait d’ailleurs été ouvert à cette occasion. Il sera clôturé ce jour par le cardinal Parolin (voir ici). Enfin, retrouvez le récit complet de la vision de Saint François et de l’obtention de l’indulgence plénière .

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5e prédication de Carême par Mgr. Turini : Saint François, l’ami du Christ et le nôtre

Nous avons accueilli ce dimanche dans notre église Mgr. Turini, évêque de Perpignan – Elne. Il a présidé pour nous l’office des vêpres et nous a proposé une 5e prédication de Carême centrée sur Saint François.

Vous pouvez retrouver cette prédication selon deux modalités : à l’écoute ci-dessous et en lecture ici. Enfin, quelques photos sont accessibles en suivant ce lien. Nous vous souhaitons une bonne méditation.

Un grand merci à Mgr. Turini d’avoir accepté notre invitation !

Le pape François nous écrit…

Nous l’avons déjà annoncé, l’année 2017 est vraiment particulière pour notre famille franciscaine, puisque nous célébrons les 800 ans de notre présence en France (plus d’informations ici). C’est en effet en 1217 que les frères rassemblés en chapitre décident d’aller porter l’Évangile au-delà des frontières et que Saint François demande à frère Pacifique, l’un de ses plus chers compagnons, de partir pour la France. Pour fêter cet anniversaire, un autre François – le pape – a écrit à toute la famille franciscaine présente en France. Pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, nous reproduisons ici son message :

Notre évêque fête avec nous la Saint François

tableau-essai-SFLe samedi 8 octobre, nous avons eu la joie d’accueillir dans notre église Mgr. Planet et les autres prêtres de la paroisse de Narbonne pour fêter ensemble notre fondateur, Saint François d’Assise. A cette occasion, notre évêque a présidé la messe et prononcé l’homélie. L’eucharistie a été suivie d’un moment fraternel et joyeux autour d’un buffet préparé par les amis de notre communauté franciscaine. Nous vous proposons aujourd’hui de revivre cet événement, non seulement en images à travers notre galerie photo, mais aussi « par le son », en écoutant (ou ré-écoutant) l’homélie que Mgr Planet a consacrée à Saint François.

Nous remercions chaleureusement notre évêque, Mgr. Planet, et les prêtres de Narbonne pour leur présence à nos côtés à l’occasion de la Saint François d’Assise. Nous exprimons aussi notre gratitude à tous ceux qui se sont investis pour que cette fête soit réussie. A la suite de Saint François, nous adressons à tous l’invitation rappelée par Mgr. Planet lors de son homélie :

« Allez au Christ ! »

Vivre Noël avec Saint François d’Assise

Saint François d’Assise aimait particulièrement célébrer Noël car cette fête fait mémoire du mystère de l’Incarnation. Ce mystère signifie que « Dieu entre dans l’histoire des hommes en prenant chair dans la personne de Jésus ». Pour François, ce mystère est très concret et peut se résumer ainsi : l’Amour divin a pris un corps d’homme avec des yeux pour nous regarder, une bouche pour nous parler, et des mains pour nous toucher. En cela, il rappelle la première lettre de Saint Jean :

« Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. » (1 Jn 1, 1).

greccio

Saint François célébrant Noël à Greccio, fresque de Giotto, Assise (cliquer pour agrandir l’image).

C’est donc pour faire comprendre jusqu’où Dieu est allé en se faisant homme en Jésus que François a inventé la première crèche vivante dans le village de Greccio, non loin d’Assise. C’était le 24 décembre 1223. François avait convoqué les frères et les paysans des environs. On avait apporté une mangeoire et du foin. On avait amené un âne et un bœuf. Et on commença la messe. François passa la veillée debout devant la crèche. Son biographe, fr. Thomas de Celano, raconte qu’au sommet de la célébration, on vit François penché sur un enfant dans la mangeoire, comme s’il voulait le réveiller. C’était l’Enfant Jésus. Thomas de Celano nous raconte la suite :

« L’Enfant Jésus était de fait endormi au fond de bien des cœurs, jusqu’au jour où son disciple François ranima son souvenir et l’imprima, de façon indélébile, dans la mémoire des chrétiens. »

En ce Noël 2015, François d’Assise nous dit :

« Mes amis, ce soir, Dieu, de riche qu’il était s’est fait pauvre. Avec Lui, le dernier devient le premier. L’Amour est tout puisque Dieu est amour. Bethléem, c’est chez toi si tu donnes, si tu pardonnes. »

Un beau programme pour cette fête de Noël ! François d’Assise, homme de paix, frère universel, entraîne-nous, en ce Noël, dans ta prière, dans ton action, inspirées de l’Évangile.

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.StFrancoisPax
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie.
O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant que l’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve soi-même, c’est en pardonnant que l’on obtient le pardon, c’est en mourant que l’on ressuscite à la Vie.

Le récit de la première crèche vivante à Greccio est accessible ici. Des informations complémentaires sur Saint François et la fête de Noël sont disponibles . Enfin, le lecteur intéressé par le mystère de l’Incarnation peut consulter cette page.

Nous vous souhaitons de très belles fêtes de Noël !

Fête des stigmates de Saint François

Citation

Nous faisons mémoire ce 17 septembre des stigmates de Saint François. Saint François d’Assise a en effet été le premier chrétien de l’histoire de l’Église à recevoir les marques de la Passion du Christ en son corps. Il les portera jusqu’à sa mort, le soir du 3 octobre 1226 à Sainte Marie des Anges. Ainsi, devenu semblable au Christ par sa vie évangélique et cette ressemblance physique, il est appelé « Alter Christus » (l’autre Christ). Saint Bonaventure nous raconte cet épisode fort de la vie de Saint François.

L’homme angélique, François, avait coutume de ne jamais se reposer dans le bien. Semblable, aux esprits célestes de l’échelle de Jacob, il montait en tout temps vers Dieu ou descendait vers le prochain. Il avait appris à partager si prudemment le temps qui lui était accordé pour amasser des mérites, qu’il en consacrait une partie à recueillir un gain laborieux auprès des hommes, et l’autre aux paisibles ravissements de la contemplation. […] C’est ainsi que, deux ans avant sa mort, il fut conduit par la divine providence, après de nombreux travaux, en un lieu fort élevé, appelé le mont Alverne. StigmatesSFAyant commencé le carême qu’il avait coutume de faire en l’honneur de l’archange Saint Michel, il trouva dans sa contemplation toute céleste une abondance de douceur jusqu’alors inconnue. […] Lors donc que, transporté ainsi par l’ardeur de désirs séraphiques, il s’élevait vers son Dieu et que la tendresse de sa compassion le transformait en celui que l’excès de sa charité attacha à la croix, un matin, c’était vers la fête de l’Exaltation de la sainte Croix, pendant qu’il priait sur le versant de la montagne, il vit descendre des hauteurs célestes un séraphin ayant six ailes de feu toutes resplendissantes. Conduit bientôt , par la rapidité de son vol vers l’homme de Dieu, il demeura proche de lui sans toucher la terre. Alors entre les ailes du séraphin apparut un homme crucifié ; ses mains et ses pieds étaient étendus et attachés à une croix. Deux de ses ailes étaient élevées au-dessus de sa tête, deux autres étaient étendues pour voler , et les deux dernières couvraient son corps. A cette vue, le saint demeura dans un étonnement indéfinissable, et son cœur éprouva un sentiment de joie mêlée de tristesse. Il se réjouissait d’un spectacle aussi admirable, où le Seigneur, sous la forme d’un séraphin, contemplait son serviteur, et son âme était transpercée d’un glaive de compassion douloureuse en le voyant ainsi attaché à la croix. Une vision si insondable le jetait aussi dans une anxiété profonde, car il savait que l’infirmité de la Passion n’était en aucune façon compatible avec l’immortalité d’un esprit séraphique. Enfin il comprit, par une lumière du Ciel, que la divine Providence l’avait fait jouir d’une telle faveur pour lui apprendre, à lui, l’ami de Jésus-Christ, que c’était, non par le martyre de son corps, mais par un embrasement sans réserve de son âme, qu’il devait se transformer en la ressemblance du Sauveur crucifié. La vision disparaissant le laissa donc tout rempli en son cœur d’une ardeur ineffable, et imprima en son corps des traces admirables. Car aussitôt commencèrent à paraître dans ses mains et dans ses pieds les marques des clous, telles qu’il les avait vues tout-à-l’heure dans l’homme crucifié offert à ses regards. tableau-essai-SFSes mains et ses pieds semblaient transpercés de ces clous; leurs têtes apparaissaient à l’intérieur des mains et sur les pieds, et l’on voyait sortir leurs pointes à la partie opposée. Ces têtes étaient noires et rondes , et les pointes longues et comme recourbées avec effort ; après avoir traversé la chair elles demeuraient tout-à-fait distinctes. Son côté droit portait aussi l’empreinte d’une cicatrice rouge, comme s’il eût été traversé d’un coup de lance, et souvent le sang s’échappait de cette plaie avec une abondance telle que tous les vêtements du saint en étaient pénétrés. […] Lors donc que le véritable amour de Jésus-Christ eut transformé ainsi en sa ressemblance celui qui en était pénétré, les quarante jours consacrés à la solitude étant passés, et la solennité de l’archange Saint Michel arrivée, l’homme angélique, François, descendit de la montagne portant avec lui l’image de son Seigneur crucifié, image non gravée sur la pierre ou le bois par la main de l’ouvrier, mais imprimée en sa chair par le doigt du Dieu vivant. […]

Et maintenant, ô vaillant soldat du Christ, porte donc les armes de ton Chef invincible. Ainsi protégé et défendu, tu surmonteras tous tes ennemis. Porte l’étendard du Roi tout-puissant, et à sa vue tous les membres de sa divine armée se sentiront animés au combat. Porte le sceau du Pontife suprême, et tes paroles et tes actions seront regardées de tous comme des paroles de vérité, comme des actions irrépréhensibles. Aujourd’hui que tu es marqué des stigmates du Seigneur Jésus, nul ne doit plus te contrister, mais tous les serviteurs du Christ doivent t’environner de leurs hommages et de leur amour.

Saint Bonaventure, LM, extraits du chapitre XIII.


 

Encyclique Laudato Si’ : « Le monde est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et dans la louange »

L’encyclique du pape François « Laudato Si’ » a été publiée ce 18 juin 2015.  Elle porte sur IMG_1257l’écologie et la préservation de la Création. Il s’agit donc d’une encyclique profondément sociale.  A travers cette encyclique, le pape plaide pour une « spiritualité écologique » et encourage à une « conversion écologique ». Elle est organisée en six chapitres. Le premier dresse un constat de l’état actuel de l’environnement et des problèmes qui y sont afférents. Le second porte sur l’Évangile de la Création et amène le lecteur à la contemplation du « mystère de l’univers ». Le troisième est focalisé sur la « racine de la crise écologique », tandis que le quatrième, cœur de l’encyclique, s’intéresse à ce que le pape appelle « l’écologie intégrale » qui recouvre : « l’écologie environnementale, économique, sociale, culturelle, et l’écologie de la vie quotidienne ». Enfin, le chapitre 5 propose « quelques lignes d’orientation et d’action », tandis que le dernier  porte sur « l’éducation à l’alliance entre l’humanité et l’environnement » pour « miser sur un autre style de vie » car « nous ne pouvons plus vivre comme cela ! ». L’encyclique se termine par deux prières : une « prière pour notre terre » et une « prière chrétienne avec la Création » : cette dernière n’est pas sans rappeler le Cantique des Créatures écrit par Saint François d’Assise et dont le titre de l’encyclique « Laudato Si » est tiré. Nous la reprenons intégralement ci-après.

Nous te louons, Père, avec toutes tes créatures,  qui sont sorties de ta main puissante. Elles sont tiennes, et sont remplies de ta présence comme de ta tendresse.
Loué sois-tu.

Fils de Dieu, Jésus, toutes choses ont été créées par toi. Tu t’es formé dans le sein maternel de Marie, tu as fait partie de cette terre, et tu as regardé ce monde avec des yeux humains. Aujourd’hui tu es vivant en chaque créature avec ta gloire de ressuscité.
Loué sois-tu.

Esprit-Saint, qui par ta lumière orientes ce monde vers l’amour du Père et accompagnes le gémissement de la création, tu vis aussi dans nos cœurs pour nous inciter au bien.
Loué sois-tu.

Ô Dieu, Un et Trine, communauté sublime d’amour infini, apprends-nous à te contempler dans la beauté de l’univers, où tout nous parle de toi. Éveille notre louange et notre gratitude pour chaque être que tu as créé. Donne-nous la grâce de nous sentir intimement unis à tout ce qui existe. Dieu d’amour, montre-nous notre place dans ce monde comme instruments de ton affection pour tous les êtres de cette terre, parce qu’aucun n’est oublié de toi. Illumine les détenteurs du pouvoir et de l’argent pour qu’ils se gardent du péché de l’indifférence, aiment le bien commun, promeuvent les faibles, et prennent soin de ce monde que nous habitons. Les pauvres et la terre implorent : Seigneur, saisis-nous par ta puissance et ta lumière pour protéger toute vie, pour préparer un avenir meilleur, pour que vienne ton Règne de justice, de paix, d’amour et de beauté.
Loué sois-tu.

Le texte intégral de cette encyclique est consultable ici et téléchargeable en pdf . Une synthèse, de laquelle cet article est inspiré, est accessible en suivant ce lien. Une analyse intéressante du vocabulaire utilisé est proposée ici et un survol des six parties de l’encyclique à travers quelques phrases clés est présenté sur ces pages [1] [2] [3] [4] [5] [6]. Enfin, quelques originalités de cette encyclique sont mises en exergue .

Bonne lecture !

Greccio ou la première crèche de l’histoire

Citation

De nombreuses traditions accompagnent la fête de Noël. L’une des plus connues est celle de la crèche. Cependant, peu de personnes savent que c’est à Saint François que l’on attribue la conception de la première crèche vivante de l’histoire de l’Eglise. François souhaitait en effet rendre cette expérience du Fils de Dieu incarné, plus concrète pour les fidèles car ce sujet, avec celui de l’Amour de Dieu manifesté pendant la Passion, lui tenait particulièrement à cœur. Laissons le frère Thomas de Celano, premier biographe de Saint François, nous raconter, avec ses propres mots, cet épisode de la vie du saint (1C 30, 84 – 87) :

Son dessein le plus haut, son désir principal, son projet suprême était d’observer en tout et à travers tout le saint Évangile, de suivre parfaitement de toute sa vigilance, de tout son effort, de tout le désir de son esprit, de toute la ferveur de son cœur l’enseignement de notre Seigneur Jésus Christ et d’imiter ses pas. Par une méditation incessante, il se souvenait de ses paroles; par une très pénétrante contemplation, il se rappelait ses actions. En particulier, l’humilité de l’Incarnation et la charitégreccio_vue2 de la Passion occupaient à tel point sa mémoire qu’il voulait à peine penser à autre chose. Aussi doit-on rappeler et honorer par une mémoire révérende ce qu’il fit, la troisième année avant le jour de sa mort glorieuse, au bourg fortifié qu’on appelle Greccio le jour de la nativité de notre Seigneur Jésus Christ. Il y avait dans ce pays un homme du nom de Jean, de bonne réputation, mais d’une vie meilleure encore. Le bienheureux François le chérissait d’un amour particulier car, alors que dans son pays il était noble et honorable au plus haut point, il avait foulé la noblesse de la chair pour suivre la noblesse de l’esprit. Le bienheureux François, comme il faisait souvent, le fit appeler à lui environ quinze jours avant la nativité du Seigneur et lui dit : « Si tu désires que nous célébrions la présente fête du Seigneur à Greccio, dépêche-toi de t’y rendre à l’avance et ce que je te dis, prépare-le soigneusement. Car je veux faire mémoire de cet enfant qui est né à BEnfantJésusGreccioethléem et observer en détail, autant que possible de mes yeux corporels, les désagréments de ses besoins d’enfant, comment il était couché dans une crèche et comment, à côté d’un bœuf et d’un âne, il a été posé sur le foin. » Entendant cela, l’homme bon et fidèle courut bien vite et prépara en ce lieu tout ce que le saint avait dit.

Le jour de l’allégresse approcha, le temps de l’exultation advint. Les frères furent convoqués de plusieurs lieux : les hommes et les femmes de ce pays, chacun comme il le peut, préparent en exultant des cierges et des torches pour illuminer la nuit, elle qui a illuminé tous les jours et toutes les années de son astre scintillant. Enfin vint le saint de Dieu et, trouvant tout préparé, il vit et fut en joie. De fait, on prépare une crèche, on apporte du foin, on conduit un bœuf et un âne. Là est honorée la simplicité, exaltée la pauvreté, louée l’humilité et l’on fait de Greccio comme une nouvelle Bethléem. La nuit s’illumine comme le jour et elle fut délicieuse aux hommes ainsi qu’aux animaux. Arrive la population et, devant ce nouveau mystère, elle se réjouit de joies nouvelles. La forêt retentit de voix et les roches répondent aux cris de jubilation. Les frères chantent, s’acquittent des louanges dues au SeigStF_Greccioneur et toute la nuit résonne de jubilation. Le saint de Dieu se tient devant la crèche, plein de soupirs, contrit de pitié et inondé d’une joie étonnante. On célèbre la solennité de la messe sur la crèche et le prêtre jouit d’une consolation nouvelle. Le saint de Dieu se vêt des ornements de la dalmatique, car il était diacre, et chante d’une voix sonore le saint Évangile. Sa voix était certes une voix forte, une voix douce, une voix claire, une voix sonore, qui invita toute l’assistance aux récompenses suprêmes. Il prêche ensuite au peuple se tenant alentour et profère des paroles douces comme miel sur la naissance du pauvre roi et sur la pauvre petite cité de Bethléem. Souvent aussi, alors qu’il voulait nommer le Christ « Jésus », brûlant d’un amour excessif, il l’appelait  « l’enfant de Bethléem » et en disant « Bethléem » à la façon d’une brebis bêlante, il emplissait toute sa bouche du mot, mais plus encore d’un sentiment de douceur. Même ses lèvres, quand il nommait « l’enfant de Bethléem » ou « Jésus », il les léchait de la langue, goûtant sur son heureux palais et déglutissant la douceur de ce mot. Là se multiplient les dons du Tout-Puissant et un homme de vertu aperçoit une vision étonnante. Il voyait en effet dans la crèche un petit enfant gisant inanimé dont semblait s’approcher le saint de Dieu ; et il paraissait éveiller cet enfant comme de la torpeur du sommeil. Cette vision n’est pas hors de propos, puisque l’Enfant Jésus, daAutel_Greccio3ns le cœur de beaucoup, a été livré à l’oubli et que chez les mêmes personnes, sous l’action de sa grâce, il est ressuscité à travers son serviteur saint François et s’est imprimé dans une mémoire attentive. Enfin s’achèvent les vigiles sacrées et chacun rentra joyeusement chez lui.

[…] Pour finir, le lieu de la crèche fut consacré comme temple au Seigneur et, en l’honneur du bienheureux Père François, on construit un autel sur la crèche et on dédicace une église.

Thomas de Celano, Vita Prima, chapitre 30, 84 – 87. Sources Franciscaines, Éditions du VIIIe centenaire, Éditions Franciscaines, Cerf.

Fête de la Saint François 2014

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Comme chaque année, la communauté franciscaine du couvent Saint Bonaventure a célébré Saint François, fondateur de l’Ordre Franciscain. Mgr Planet, notre évêque, a présidé l’Eucharistie et prononcé l’homélie. Les fraternités franciscaines et les amis de Saint Bonaventure ont animé la … Lire la suite

Le testament de Saint François

Citation

Voici comment le Seigneur me donna, à moi frère François, IMG_1440la grâce de commencer à faire pénitence. Au temps où j’étais encore dans les péchés, la vue des lépreux m’était insupportable. Mais le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux; je les soignai de tout mon cœur; et au retour, ce qui m’avait semblé si amer s’était changé pour moi en douceur pour l’esprit et pour le corps. Ensuite j’attendis peu, et je dis adieu au monde. Et le Seigneur me donna une grande foi aux églises, foi que j’exprimais par la formule de prière toute simple : Nous t’adorons, Seigneur Jésus-Christ, dans toutes tes églises du monde entier, et nous te bénissons d’avoir racheté le monde par ta sainte Croix. Ensuite, le Seigneur m’a donné et me donne encore, à cause de leur caractère sacerdotal, une si grande foi aux prêtres qui vivent selon la règle de la sainte église romaine, que, même s’ils me persécutaient, c’est à eux malgré tout que je veux avoir recours. Si j’avais autant de sagesse que Salomon, et s’il m’arrivait de rencontrer de pauvres petits prêtres vivant dans le péché, je ne veux pas prêcher dans leurs paroisses s’ils m’en refusent l’autorisation. Eux et tous les autres, je veux les respecter, les aimer et les honorer comme mes seigneurs. Je ne veux pas considérer en eux le péché; car c’est le Fils de Dieu que je discerne en eux, et ils sont réellement mes seigneurs. Si je fais cela, c’est parce que, du très haut Fils de Dieu, je ne vois rien de sensible en ce monde, si ce n’est son Corps et son Sang très saints, que les prêtres reçoivent et dont ils sont les seuls ministres. Je veux que ce très saint sacrement soit par-dessus tout honoré, vénéré, et conservé en des endroits précieusement ornés. Et les très saints noms du Seigneur, et les manuscrits contenant ses paroles, chaque fois que je les trouverai abandonnés où ils ne doivent pas être, je veux les recueillir, et je prie qu’on les recueille, pour les placer en un lieu plus digne.  Tous les théologiens, et ceux qui nous communiquent les très saintes paroles de Dieu, nous devons les honorer et les vénérer comme étant ceux qui nous communiquent l’Esprit et la Vie.

Après que le Seigneur m’eut donné des frères, personne ne me montra ce que je devais faire, mais le Très-Haut lui-même me révéla que je devais vivre selon le saint Évangile. Alors je fis rédiger un texte en peude mots bien simples, et le seigneur Pape me l’approuva. Ceux qui venaient à nous pour partager cette vie distribuaient aux RègleSFpauvres tout ce qu’ils pouvaient avoir; pour vêtement ils se contentaient d’une seule tunique, doublée de pièces à volonté au dedans et au dehors, plus une corde et des braies. Et nous ne voulions rien de plus. Nous célébrions l’office : les clercs, comme les autres clercs, les laïcs en récitant le Notre Père. Et nous passions très volontiers de longs moments dans les églises. Nous étions des gens simples, et nous nous mettions à la disposition de tout le monde. Moi, je travaillais de mes mains, et je veux travailler; et tous les frères, je veux fermement qu’ils s’emploient à un travail honnête. Ceux qui ne savent point travailler, qu’ils apprennent, non pour le cupide désir d’en recevoir salaire, mais pour le bon exemple et pour chasser l’oisiveté. Lorsqu’on ne nous aura pas donné le prix de notre travail, recourons à la table du Seigneur en quêtant notre nourriture de porte en porte.

Pour saluer, le Seigneur m’a révélé que nous devions dire : Que le Seigneur vous donne sa paix! Les frères se garderont bien de recevoir, sous aucun prétexte, ni églises, ni masures, ni tout ce qu’on pourrait construire à leur intention, sauf s’ils ne font qu’y séjourner comme des hôtes de passage, des pèlerins et des étrangers, conformément à la sainte pauvreté que nous avons promise dans la Règle. Je défends formellement, au nom de l’obéissance, à tous les frères, où qu’ils soient, d’oser jamais solliciter de la cour de Rome, ni par eux-mêmes ni par personne interposée, aucun privilège sous aucun prétexte ; pour une église ou pour une résidence, pour assurer une prédication ou pour se protéger contre testamentSFune persécution. Si dans une contrée on ne les reçoit pas, eh bien! qu’ils fuient dans une autre pour y faire pénitence avec la bénédiction de Dieu.

Je veux fermement obéir au ministre général de cette fraternité et à tout gardien qu’il lui plaira de me donner. Je veux être tellement lié entre ses mains, que je ne puisse faire un pas ni la moindre action en marge de ses ordres et de sa volonté, car il est mon seigneur. Bien que je sois un homme simple et un malade, je veux cependant avoir toujours un clerc qui me célèbre l’office, comme il est marqué dans la Règle. Que tous les autres frères soient tenus d’obéir ainsi à leur gardien et de célébrer l’office selon la Règle. S’il s’en trouvait qui ne célèbrent pas l’office selon la Règle et veuillent y opérer des changements, ou qui ne soient pas catholiques, alors tous les frères, où qu’ils soient, seront tenus par obéissance, partout où ils rencontreront l’un de ceux-là, de l’adresser au custode le plus proche du lieu où ils l’auront rencontré. Le custode sera rigoureusement tenu, en vertu de l’obéissance, de le garder comme un prisonnier, jour et nuit, sans le laisser échapper de ses mains jusqu’au moment où il pourra le présenter en personne à son ministre. Le ministre, à son tour, sera rigoureusement obligé, en vertu de l’obéissance, de le faire accompagner par des frères comme un prisonnier, jour et nuit, jusqu’au moment où on le déférera au cardinal d’Ostie, qui est maître, protecteur et correcteur de toute la fraternité.

Que les frères n’aillent point dire : Voilà une nouvelle Règle! Non : c’est un retour sur notre passé, une admonition, une exhortation, et c’est le testament que moi, votre petit frère Paques de saint francoisFrançois, je vous adresse, à vous mes frères bénis, afin que nous observions plus catholiquement la Règle que nous avons promis au Seigneur de garder. Le ministre général, les autres ministres et les custodes sont tenus, par obéissance, de ne rien ajouter ni retrancher à ces paroles. Qu’ils aient toujours avec eux ce texte joint à la Règle. Dans tous les chapitres qu’ils tiennent, qu’ils fassent lire aussi ce texte après la lecture de la Règle. A tous mes frères clercs et laïcs je prescris fermement, en vertu de l’obéissance, de ne faire de gloses ni sur la Règle ni sur ces paroles en disant: Voici comment il faut les comprendre! Non: de même que le Seigneur m’a donné de dire et d’écrire la Règle et ces paroles purement et simplement, de même vous aussi, simplement et sans glose, vous devez jusqu’à votre dernier jour les comprendre et les mettre en pratique par de saintes actions. Quiconque observera ces choses, qu’il soit béni dans le ciel de la bénédiction de Père très haut, qu’il soit rempli sur la terre de la bénédiction de son Fils bien-aimé, avec celle du très saint Esprit Paraclet, de toutes les Vertus des cieux et de tous les saints. Et moi, frère François, votre petit pauvre et serviteur, dans toute la mesure dont j’en suis capable, je vous confirme, au dedans et au dehors, cette très sainte bénédiction.