Vivre Noël avec Saint François d’Assise

Saint François d’Assise aimait particulièrement célébrer Noël car cette fête fait mémoire du mystère de l’Incarnation. Ce mystère signifie que « Dieu entre dans l’histoire des hommes en prenant chair dans la personne de Jésus ». Pour François, ce mystère est très concret et peut se résumer ainsi : l’Amour divin a pris un corps d’homme avec des yeux pour nous regarder, une bouche pour nous parler, et des mains pour nous toucher. En cela, il rappelle la première lettre de Saint Jean :

« Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. » (1 Jn 1, 1).

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Saint François célébrant Noël à Greccio, fresque de Giotto, Assise (cliquer pour agrandir l’image).

C’est donc pour faire comprendre jusqu’où Dieu est allé en se faisant homme en Jésus que François a inventé la première crèche vivante dans le village de Greccio, non loin d’Assise. C’était le 24 décembre 1223. François avait convoqué les frères et les paysans des environs. On avait apporté une mangeoire et du foin. On avait amené un âne et un bœuf. Et on commença la messe. François passa la veillée debout devant la crèche. Son biographe, fr. Thomas de Celano, raconte qu’au sommet de la célébration, on vit François penché sur un enfant dans la mangeoire, comme s’il voulait le réveiller. C’était l’Enfant Jésus. Thomas de Celano nous raconte la suite :

« L’Enfant Jésus était de fait endormi au fond de bien des cœurs, jusqu’au jour où son disciple François ranima son souvenir et l’imprima, de façon indélébile, dans la mémoire des chrétiens. »

En ce Noël 2015, François d’Assise nous dit :

« Mes amis, ce soir, Dieu, de riche qu’il était s’est fait pauvre. Avec Lui, le dernier devient le premier. L’Amour est tout puisque Dieu est amour. Bethléem, c’est chez toi si tu donnes, si tu pardonnes. »

Un beau programme pour cette fête de Noël ! François d’Assise, homme de paix, frère universel, entraîne-nous, en ce Noël, dans ta prière, dans ton action, inspirées de l’Évangile.

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.StFrancoisPax
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie.
O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant que l’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve soi-même, c’est en pardonnant que l’on obtient le pardon, c’est en mourant que l’on ressuscite à la Vie.

Le récit de la première crèche vivante à Greccio est accessible ici. Des informations complémentaires sur Saint François et la fête de Noël sont disponibles . Enfin, le lecteur intéressé par le mystère de l’Incarnation peut consulter cette page.

Nous vous souhaitons de très belles fêtes de Noël !

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Greccio ou la première crèche de l’histoire

Citation

De nombreuses traditions accompagnent la fête de Noël. L’une des plus connues est celle de la crèche. Cependant, peu de personnes savent que c’est à Saint François que l’on attribue la conception de la première crèche vivante de l’histoire de l’Eglise. François souhaitait en effet rendre cette expérience du Fils de Dieu incarné, plus concrète pour les fidèles car ce sujet, avec celui de l’Amour de Dieu manifesté pendant la Passion, lui tenait particulièrement à cœur. Laissons le frère Thomas de Celano, premier biographe de Saint François, nous raconter, avec ses propres mots, cet épisode de la vie du saint (1C 30, 84 – 87) :

Son dessein le plus haut, son désir principal, son projet suprême était d’observer en tout et à travers tout le saint Évangile, de suivre parfaitement de toute sa vigilance, de tout son effort, de tout le désir de son esprit, de toute la ferveur de son cœur l’enseignement de notre Seigneur Jésus Christ et d’imiter ses pas. Par une méditation incessante, il se souvenait de ses paroles; par une très pénétrante contemplation, il se rappelait ses actions. En particulier, l’humilité de l’Incarnation et la charitégreccio_vue2 de la Passion occupaient à tel point sa mémoire qu’il voulait à peine penser à autre chose. Aussi doit-on rappeler et honorer par une mémoire révérende ce qu’il fit, la troisième année avant le jour de sa mort glorieuse, au bourg fortifié qu’on appelle Greccio le jour de la nativité de notre Seigneur Jésus Christ. Il y avait dans ce pays un homme du nom de Jean, de bonne réputation, mais d’une vie meilleure encore. Le bienheureux François le chérissait d’un amour particulier car, alors que dans son pays il était noble et honorable au plus haut point, il avait foulé la noblesse de la chair pour suivre la noblesse de l’esprit. Le bienheureux François, comme il faisait souvent, le fit appeler à lui environ quinze jours avant la nativité du Seigneur et lui dit : « Si tu désires que nous célébrions la présente fête du Seigneur à Greccio, dépêche-toi de t’y rendre à l’avance et ce que je te dis, prépare-le soigneusement. Car je veux faire mémoire de cet enfant qui est né à BEnfantJésusGreccioethléem et observer en détail, autant que possible de mes yeux corporels, les désagréments de ses besoins d’enfant, comment il était couché dans une crèche et comment, à côté d’un bœuf et d’un âne, il a été posé sur le foin. » Entendant cela, l’homme bon et fidèle courut bien vite et prépara en ce lieu tout ce que le saint avait dit.

Le jour de l’allégresse approcha, le temps de l’exultation advint. Les frères furent convoqués de plusieurs lieux : les hommes et les femmes de ce pays, chacun comme il le peut, préparent en exultant des cierges et des torches pour illuminer la nuit, elle qui a illuminé tous les jours et toutes les années de son astre scintillant. Enfin vint le saint de Dieu et, trouvant tout préparé, il vit et fut en joie. De fait, on prépare une crèche, on apporte du foin, on conduit un bœuf et un âne. Là est honorée la simplicité, exaltée la pauvreté, louée l’humilité et l’on fait de Greccio comme une nouvelle Bethléem. La nuit s’illumine comme le jour et elle fut délicieuse aux hommes ainsi qu’aux animaux. Arrive la population et, devant ce nouveau mystère, elle se réjouit de joies nouvelles. La forêt retentit de voix et les roches répondent aux cris de jubilation. Les frères chantent, s’acquittent des louanges dues au SeigStF_Greccioneur et toute la nuit résonne de jubilation. Le saint de Dieu se tient devant la crèche, plein de soupirs, contrit de pitié et inondé d’une joie étonnante. On célèbre la solennité de la messe sur la crèche et le prêtre jouit d’une consolation nouvelle. Le saint de Dieu se vêt des ornements de la dalmatique, car il était diacre, et chante d’une voix sonore le saint Évangile. Sa voix était certes une voix forte, une voix douce, une voix claire, une voix sonore, qui invita toute l’assistance aux récompenses suprêmes. Il prêche ensuite au peuple se tenant alentour et profère des paroles douces comme miel sur la naissance du pauvre roi et sur la pauvre petite cité de Bethléem. Souvent aussi, alors qu’il voulait nommer le Christ « Jésus », brûlant d’un amour excessif, il l’appelait  « l’enfant de Bethléem » et en disant « Bethléem » à la façon d’une brebis bêlante, il emplissait toute sa bouche du mot, mais plus encore d’un sentiment de douceur. Même ses lèvres, quand il nommait « l’enfant de Bethléem » ou « Jésus », il les léchait de la langue, goûtant sur son heureux palais et déglutissant la douceur de ce mot. Là se multiplient les dons du Tout-Puissant et un homme de vertu aperçoit une vision étonnante. Il voyait en effet dans la crèche un petit enfant gisant inanimé dont semblait s’approcher le saint de Dieu ; et il paraissait éveiller cet enfant comme de la torpeur du sommeil. Cette vision n’est pas hors de propos, puisque l’Enfant Jésus, daAutel_Greccio3ns le cœur de beaucoup, a été livré à l’oubli et que chez les mêmes personnes, sous l’action de sa grâce, il est ressuscité à travers son serviteur saint François et s’est imprimé dans une mémoire attentive. Enfin s’achèvent les vigiles sacrées et chacun rentra joyeusement chez lui.

[…] Pour finir, le lieu de la crèche fut consacré comme temple au Seigneur et, en l’honneur du bienheureux Père François, on construit un autel sur la crèche et on dédicace une église.

Thomas de Celano, Vita Prima, chapitre 30, 84 – 87. Sources Franciscaines, Éditions du VIIIe centenaire, Éditions Franciscaines, Cerf.