La crise du coronavirus fera partie de notre histoire. Il y a un avant et un après. Comme relire cet événement avec les yeux de la foi ?
En mars dernier s’est déclarée la pandémie qui nous a cloîtré quelques semaines chez nous.
Dans nos couvents, les frères ont bien sûr continué fidèlement leur vie régulière : services communautaires, et surtout la liturgie de la messe et des Heures.
Fidélité
Mais leur nature pastorale n’a pas rongé son frein : messes retransmises par internet, regain de prière dans les communautés, parfois, quand cela était possible, visite aux malades selon ce que nous avait demandé le pape François. Bref il y eu beaucoup de créativité pour continuer à annoncer la Bonne de Jésus et accompagner autant que faire se peut la foi et la charité.
Il en est de même pour le ministère de la compassion qui nous a conduit à garder coûte que coûte le lien avec nos fidèles, en consolant surtout ceux qui vécurent d’énormes épreuves au cours de ces temps troublés.
Accompagnement
Il a fallu accompagner aussi les catéchumènes qui devaient être baptisés durant la nuit de Pâques, ainsi que tous ceux qui avait prévu qui un mariage, qui un baptême. Sachant que ce n’était que partie remise. Par contre, la catéchèse s’est poursuivie : par mail avec des dessins et des prières, l’aumônerie a quant à elle été assurée par vidéoconférence.
L’obligation d’annuler des rencontres et des rassemblements a sans doute été aussi douloureux quant on songe au travail colossal pour préparer ceux-ci. Là encore d’autres dates ont été trouvées.
Triduum sur le monde
Les offices de la Semaine Sainte célébrés à huis clos nous ont rappelé les paroles inspirées du P Teilhard de Chardin évoquant « la messe sur le monde. Véritable contre-virus spirituel et sacramentel. Ainsi la Pâque a resplendi comme chaque année au cœur de la nuit.
Sans doute sortirons nous pantelants de cette expérience traumatisante. Mais comme le rappelait dans son homélie du 3ème dimanche de Carême, Monseigneur Aupetit, archevêque de Paris, elle aura creusé en nous la soif des sacrements dont nous avons été privés.

Rameaux 2020

jeudi saint
Maintenant, il nous relire ces événements, à lumière du ressuscité, en confiant tous ceux qui sont partis durant ces jours d’épreuve à la tendresse de Dieu, et consoler ceux qui restent. Il nous faut tourner les yeux vers le jour et vers l’heure, où Dieu sera tout en tous et en attendant construire, reconstruire et guérir.

Vigile Pascale
Le Retour
A l’heure ou cet article est rédigé, nous sommes pour reprendre le culte public en France. C’est un temps d’espérance, comme un retour à la maison.
La reprise du culte dans nos pays marque un temps de reprise. On renoue contact après le confinement, bien que celui-ci n’ait jamais été rompu. Le téléphone, internet et les réseaux sociaux nous ont permis, parfois avec beaucoup de créativité de partager l’expérience de l’isolement.
Le jeûne eucharistique revient souvent dans les conversations des fidèles. Aussi la réouverture des églises et de nouveau la célébration de la messe est pour beaucoup un soulagement : de quoi mettre en évidence l’affirmation du Concile : « L’Eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne. »
Prudence et joie.
Le Christ nous a recommandé deux attitudes : la prudence et la ruse. Avec un virus le second est difficile et le premier nécessaire. La joie des retrouvailles a été tempérée par les multiples gestes de prudence demandés pour pouvoir de nouveau célébrer et communier. Peut-être aurions nous pu penser, comme le rat de la fable, qu’un plaisir est vain si la crainte le corrompt. Mais c’est l’expérience inverse qui prévaut en ce cas précis.
La prudence est source de respect. Elle invite à considérer le bien de l’autre au moins comme égal au sien…et ce n’est pas rien. Un commentateur prétendait que l’épidémie avait transformé ses propres amis en suspects. Et si c’était l’inverse. La familiarité peut aussi prendre en ce cas la forme de la prudence.
Le bien de l’autre
On peut prendre pour preuve le port du masque « grand public » : à quoi est-il destiné ? Sa fonction est en fait de protéger l’autre. Voilà un geste non-seulement solidaire mais encore de l’ordre de la fraternité. L’autre n’est plus suspect mais celui à qui je veux du bien.
Accueillir dans l’église une assemblée ou chacun est attentif au bien de l’autre : c’est une manière d’accomplir le geste de paix.
Rebond
On peut toujours redouter un rebond. On peut aussi l’espérer. Un autre aspect de cette reprise est révélateur de la joie de se retrouver pour prier et célébrer : l’enthousiasme des inscriptions aux premières heures de la réouverture des églises au culte. En effet, les places étant limitées, il fallait ne pas tarder à s’inscrire. Et voilà les frères devenus standardistes au téléphone. Sans doute la reprise est délicate : il faut penser à tout. Mais les propositions d’aide arrivant de toutes parts redonne du courage : cette Pentecôte fut une véritable Résurrection.